A ceux qui veulent oublier la Palestine – 2019

« Le monde est dangereux à vivre
non pas tant à cause de ceux qui font le mal,
mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » 

 Albert Einstein

« Il semble que nous ne puissions pas nous voir comme la cause, des agresseurs ( disons-le franchement, des terroristes), vis à vis de ceux qui, depuis leur naissance vivent sous une pluie de décrets militaires, nos fusils, tanks, avions, hélicoptères et drones crachant du feu sur eux. Nous ne nous voyons pas ? Je corrige : nous refusons de nous voir comme la causeAmira Hass, journaliste à Haaretz[1].

Fustiger légitimement le terrorisme « islamique » et se taire sur le terrorisme israélien.

L’Agence Média-Palestine écrivait, le 11 décembre 2015 : « regarder des milliers d’enfants Palestiniens survivre dans la peur et la pauvreté: en 2015, le nombre d’enfants Palestiniens dans les prisons israéliennes a doublé et on interdit aux parents de leur rendre visite ».

Ne pas réagir contre le non – respect d’Israël des résolutions de l’ONU. En décembre 2016,  Le Conseil de sécurité a réussi à adopter, grâce à l’abstention américaine sous la présidence d’Obama, une résolution afin de faire cesser les constructions israéliennes en Cisjordanie. Mais Israël refuse de l’appliquer pour continuer sa politique de colonisation. En juin 2016, « L’Institut de Recherche Appliquée de Jérusalem (ARIJ) a fait savoir que les autorités israéliennes ont confisqué 3 145,6 ha de propriétés palestiniennes depuis le début de cette année, soit une augmentation de 439% par rapport à l’an dernier où 583,5 ha avaient été saisi », soit une augmentation de plus de 400%.

Laisser impunis des actes que le Droit International interdit permet leur pérennité et leur récidive à chaque moment.

Dans le contexte d’une situation internationale où se côtoient pouvoirs absolutistes, guerres fratricides aux côtés des mensonges, des scoops spectaculaires qui sont à l’honneur et permettent que le Président des Etats-Unis puisse déverser sa haine, son conservatisme, ses préjugés…parfois relayés en France ou ailleurs.

Dans le contexte d’une campagne électorale en France viciée volontairement ou involontairement par des questions de détournements d’argent public par certains candidats qui ne sont préoccupés  ni par le respect d’un Etat de droit et de la séparation des pouvoirs, ni par la déontologie, ni par le respect des citoyens dont ils désirent être président.

Dans ce contexte, on ferme les yeux sur les  violences israéliennes et le développement de ses colonies.

Face au déploiement de force d’Israël, à son impunité et à la paralysie volontaire des Etats tant occidentaux qu’arabes, il reste à toute personne éprise de paix et de justice de se battre avec ses moyens: le boycott des produits israéliens dont les bénéfices vont à une armée qui tue et que, en France, l’Association France Palestine Solidarité (A.F.P.S) mène avec un courage et une ténacité exemplaires.

La grande majorité des pays  permettent à leur population d’organiser ces campagnes et d’appeler au boycott de ces produits. Mais la  France est l’un des rares pays qui, en raison de la circulaire Alliot-Marie prévoit des poursuites contre tous ceux qui appellent à leur boycott[3] . Comme le souligne Amnesty International, « en octobre 2015, la Cour de cassation a confirmé la condamnation de quatorze personnes uniquement en raison de leurs actions pacifiques de promotion du boycott de produits israéliens ».

Mais plus graves sont les menaces que soulignent et  les intimidations de la part de la « Brigade juive » installée en France et dont le siège est en Israël qui « légitime » ses actes en raison de cette circulaire. France-Palestine demande d’agir face à ces menaces de fascistes pro-israéliens

Amnesty International, tout en réitérant son appel aux autorités françaises pour abroger cette circulaire, souligne : «  le 4 mars 2017, un groupe dénommé la Brigade juive a lancé un ultimatum aux membres dirigeants de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) : si l’AFPS ne cessait pas d’appeler au boycott des produits israéliens, les coordonnées personnelles des membres de son conseil national seraient rendues publiques. »

La Résistance Palestinienne malgré la sauvagerie environnante ne baisse pas les bras face au spectacle inquiétant de ceux qui veulent ne pas voir et laissent faire.

La solidarité internationale ne désarme pas non plus malgré la volonté de certains de vouloir la briser. 

Cette situation est le lit de violences multiples, d’instrumentalisations des faits et des individus, femmes, hommes, jeunes ou âgés. Quelle volonté politique pour une coalition internationale en vue de l’application des résolutions de l’ONU à l’encontre de la politique coloniale israélienne pour tenter en partie de mettre fin au « désordre mondial »?

Hayat Berrada Bousta
9 mai 2019


[1] Cité dans le courrier du Comité de Vigilance Pour la Paix au Proche Orient (CVP PO). Ce comité vient de publier les actes de son dernier colloque organisé le 8 octobre 2016  au Palais du Luxembourg : « Cent ans après les accords Sykes-Picot «  L’Orient arabe trahi ».

[3] Mme Alliot Marie,  alors ministre de l’Intérieur, signe en 2010 une circulaire ministérielle CRIM-APN 09-900-44 qui engage les procureurs à poursuivre les personnes appelant au boycott des produits israéliens.