10 décembre 1948 -10 décembre 2013: la déclaration universelle des droits humains a 65 ans – 2013

Cette 65ème année de la déclaration universelle des droits humains, coïncidait, à 5 jours près, avec la mort de ce grand résistant, Nelson Mandella.
C’est aussi le moment de retracer le non-droit au Maroc, avec son lot de répression, celui de redire que l’impunité des responsables de crimes conduit à la récidive qui n’a pas de limite.

Ce 10 décembre 2013, 65ème année de la déclaration universelle des droits humains a été aussi une journée d’émotion et d’hommages conjugués rendus à ce combattant de la liberté, de la dignité humaine et de la tolérance que fut et restera, Nelson Mandela qui a marqué notre histoire en inscrivant l’humilité dans sa gouvernance. Il aurait pu, après 27 années de détention et d’isolement en vouloir à ses bourreaux et cela aurait été légitime. Il a pris la voie de la réconciliation, mettant de côté ses « rancoeurs » et n’ayant à l’esprit que le bien du peuple d’Afrique du sud ainsi que la nécessité incontournable pour lui d’abolir le système d’apartheid et tracer la voie de la démocratie et du respect des différences.Il aurait pu, comme la plupart des chefs d’état, rester de longues années au sommet du pouvoir. Il a montré que la démocratie, qu’un démocrate doit pouvoir laisser sa place pour permettre aux générations nouvelles de tracer aussi leur voie.

Merci, monsieur Mandela, d’avoir marqué notre histoire dans la nécessité de rester debout face à l’adversité, l’autocratie, l’injustice et surtout toutes les formes de ségrégation. Une belle leçon que bien des combattants de la liberté ont partage et partageront toujours avec vous.

Cette empreinte dans l’histoire n’a certes pas aboli les ségrégations, les racismes, les discriminations, le mépris des oligarchies gouvernantes envers les peuples qui aspirent a plus de justice et de liberté mais elle nous incite à poursuivre ce beau combat pour la dignité humaine. C’est ce que les peuples arabes ont exprimé depuis la fin 2010, moments d’aspiration de liberté qui ont été et seront souvent contrecarres par les adversaires de la démocratie.

Au Maroc, bastonnades, arrestations, procès préfabriqués, conditions lamentables et indicibles d’emprisonnement sont devenus des actes policiers courants. Jeunes et adultes se retrouvent dans les geôles de la monarchie marocaine de manière arbitraire. Quant à la situation sociale et économique, elle ne cesse de se dégrader laissant au bord de la route un grand nombre de personnes, des diplômes chômeurs, des enfants des rues alors que de manière indécente une très petite minorité étale ses richesses et les expatrie à l’étranger en toute impunité.

Un poète crie la valeur de la liberté, un rappeur chante contre la soumission, un journaliste publie son opinion libre, les voilà taxés de responsables du désordre public, voire de terrorisme. Mais, la « violence des riches », les détournements d’argent, les hold-up sur les biens publics méritent, eux, la grâce royale ou du moins sa mansuétude et on libère ces détenus qui attendront chez eux un procès qui mettra du temps à venir…

Pendant ce temps – là, des jeunes ont du mal à reprendre leurs études après plus de 12 mois d’emprisonnement injustifié.., des parents n’ont pas les moyens pour éduquer leurs enfants, ni de médicaments pour les guérir et la presse occidentale applaudit «la transition démocratique au Maroc» passant aux oubliettes ces exactions manifestes.

Une situation qui a été soulevée par une entreprise d’analyse des risques et de conseil stratégique basée à Bath, au Royaume-Uni, Maplecroft, et qui a classe le Maroc comme pays a «haut risque» en matière de situation de droits humains.

Ce système arbitraire et autocratique est soutenu, encourage par des «démocraties occidentales» qui sont traversées par des affaires de corruption, des courants racistes, des discriminations dans la fonction publique comme privée, l’approfondissement de la fracture sociale, signes d’une dégradation économique mais aussi des valeurs portées par tant de femmes et d’hommes au détriment de leur vie. La notion de démocratie connait aussi une dégradation et il est temps de la réinventer….

«L’homme a survécu jusqu’ici parce qu’il était trop ignorant pour pouvoir réaliser ses désirs. Maintenant qu’il peut les réaliser, il doit les changer, ou périr» – William Carlos William (1883-1963), cité par Amin Maalouf dans «le dérèglement du monde»- 2009

Hayat Berrada-Bousta
10 décembre 2013