La semaine anti-coloniale et anti–raciste – Février 2015

La loi du 23 février 2005 qui affirmait les aspects positifs des formes anciennes de la colonisation a provoqué l’indignation et la colère parmi toutes les personnes qui n’ont cessé de lutter contre le colonialisme sous toutes ses formes. La première semaine anticoloniale a eu lieu cette même année. L’Association Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA) créée en 2009 et dont Henri Alleg, décédé en 2013, fut président regroupe un grand nombre de personnalités.  L’ACCA, tout en préservant sa référence aux combats passés (Association des Combattants de la Cause Anticoloniale) se définit désormais résolument, dans son nom même, comme une organisation tournée vers les combats actuels et à venir: Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui. »

Depuis 2010, le lancement  de la Semaine Anticoloniale  a lieu au siège du PCF.

Cette 10ème année, cette semaine a été inaugurée en hommage à Mehdi Ben Barka, enlevé le 29 octobre 1965 en plein centre de Paris ainsi  qu’aux militants communistes indonésiens assassinés lors du massacre de septembre1965 en Indonésie.

Lors de cette inauguration, Lydia Samarbakhsh chargée des Relations internationales à la Coordination nationale du PCF a insisté sur l’actualité de ce combat anticoloniale: “La lutte anticoloniale n’est pas un combat du passé ; le colonialisme sous des formes archaïques, mais aussi nouvelles, demeure une plaie ouverte pour toute l’humanité : en Palestine, dans le Sahara occidental, pour le peuple comorien.” Insistant sur le fait que les interventions militaires occidentales ne font que prolonger “ une logique et placent les populations, les peuples en situation d’obligés des puissances occidentales lesquelles n’hésitent pas à s’allier à des États autoritaires.”

Après avoir rappelé le combat mené par Mehdi Ben Barka tant au niveau de son pays qu’au niveau international, un combat contre le colonialisme et le néocolonialisme, Lydia Samarbakhsh souligne la résonance de ces combats avec ceux que mènent aujourd’hui des femmes et des hommesqui refusent de se laisser piéger par l’alternative « soit les dictateurs / soit les fanatiques » – dictateurs et fanatiques qui trouvent tous des alliés parmi les puissants de ce monde qui ne sont jamais avares de cours de morale universelle uniquement valables pour les « autres »”.

Concernant l’enlèvement de Mehdi Ben Barka à ParisComment, 50 ans plus tard, un État de droit comme la France peut-il sérieusement justifier son inertie et ses dérobades ? C’est ce combat que nous voulons aussi mener. La France le doit au dirigeant marocain et internationaliste que fut Mehdi Ben Barka, à sa famille, à ses compagnons de lutte, elle le doit au peuple marocain. Elle le doit à sa propre dignité.”

Les 14 et 15 février, à la Bellevilloise, le Salon Anticoloniale fut inauguré par Bachir Ben Barka en la présence de Malaak Shabazz, la fille de MalcomX. Etaient organisées plusieurs tables rondes autour de thématiques divers où alternaient Mémoire : la “Tricontinentale” dont la conférence  eut lieu en janvier 1966, “ Jaurès vers le l’anti- colonialisme” par les textes de l’époque ainsi que les grandes figures de l’anticolonialisme et actualité : “Après les tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher. Non à la guerre des civilisations”, la gestion coloniale des quartiers populaires, la Palestine, l’armée française en Afrique…..

Moments de partage, de souvenirs, de rencontres entre historiens, sociologues, journalistes, associations et militants, moments de solidarité qui tranchent avec cette atmosphère politicienne où les convoitises de pouvoir et les “raisons d’état” ont abandonné l’humain.

La soirée du 16 février sera consacrée aux massacres des communistes indonésiens en septembre 1965 orchestrés par les Etats-Unis qui fomenteront le coup d’Etat contre le pouvoir communiste en Indonésie, mettant en place un régime de terreur qui fera près d’un demi- million de morts.

Le 28 février, la marche solidaire des peuples en lutte  clôturera cette 10ème année de la semaine anticoloniale et antiraciste à Paris.

Comment ne pas penser en ces moments-là à  Aimé Césaire, à son discours sur le colonialisme de 1950 où il déclarait que l’Europe, l’Occident “est incapable de résoudre les deux problèmes majeurs auxquels son existence a donné naissance: le problème du prolétariat et le problème colonial; que, déférée à la barre de la “raison” comme à la barre de la “conscience” cette Europe-là est impuissante à se justifier; elle se réfugie dans une hypocrisie d’autant plus odieuse qu’elle a de moins en moins chance de tromper.”

Ces positions d’Aimé Cèsaire, cet anticolonialiste résolu et sans concession sont toujours d’actualité. Et, durant  ces journées anti-coloniales  on retient que de générations en générations l’attachement à la dignité humaine, à la justice et au droit  persiste.“Ma seule consolation” disait Aimé Cèsaire, “est que les colonisations passent, que les nations ne sommeillent qu’un temps et que les peuples demeurent.”

Hayat Berrada-Bousta
15/02/2015