Au sujet de l’exposition en hommage à Mehdi Ben Barka

Sous une pluie battante se diriger vers les Oudaïas, cette ancienne Kasba construite au XII ème siècle et y entrer pour y voir une exposition artistique  en hommage à Mehdi  Ben Barka ce 31 octobre 2008, ne s’oublie pas.

Ahmad Schawki écrivait: « Et même si, sur terre existe un paradis, il ne vaut pas la terre, celle du pays.».

Pour l’ancienne exilée que je suis, la portée de cette exposition avait différentes lectures où la Mémoire, l’émotion, le souvenir et l’absence écrivaient en signes d’art le ressenti et le partage des idées, des convictions et de la résistance au non droit.

Le politique et l’art  ne s’épousent-ils pas depuis les Grecs?  Cette exposition a exprimé, pour moi, que l’art  comme le roman peut donner à la Résistance toute sa place dans une éternelle Mémoire.

Ce n’est pas avec les yeux d’une connaisseuse en art plastique, loin de là, c’est avec le regard  d’une personne pour qui les sensibilités dans l’art ne peuvent qu’exprimer les convictions de chacun. Plusieurs  oeuvres exposées aux Oudaïas, sans légende, laissent à chacun la liberté d’exprimer son ressenti.

C’est avec ce regard que j’ai apprécié cette fresque de Mahdi Binebine, qui, pour moi, représentait la sortie vers la lumière, la présence toujours d’un combat pour la liberté.

Quant à la tombe verticale de Derkaoui et le pied enchaîné de  Brahim Mouise, c’est la Mémoire de cette répression acharnée contre les défenseurs de la liberté qu’il ne faut pas oublier et dont il ne faut pas tourner la page….

Que dire, dans «l’hommage» de  Rana Bichara, de ce point d’interrogation qui symbolise l’absence de vérité de la  disparition de Mehdi Ben Barka.

Cette présence dans le tableau de Mustapha Boujema, ce portrait de Mehdi sur fond bleu: Mehdi était parmi nous, revenu dans son pays, celui pour lequel  il s’est tant battu, celui pour lequel  sa  route de l’unité avait une portée de prise de conscience et de résistance à l’analphabétisme et au non droit.

Mehdi était présent et, durant toute cette soirée, j’ai longuement pensé à Rhita Bennani Ben Barka absente ce jour mais qui, par sa persévérance pour la vérité, a permis que l’on n’oublie pas. Elle n’avait que 30 ans à la disparition de Mehdi…Que de courage et d’humilité en cette grande dame.

Alors, merci à tous ces artistes, ces militants, ces amis de Mehdi Ben Barka d’avoir organisé cette exposition, merci de nous avoir fait vivre le temps d’un soir ces moments de rencontre, de souvenir, ces moments de renaissance qui consolident ces chemins pour la liberté et la justice  et qui pérennisent le «couple art et résistance».

Hayat Berrada-Bousta