Encore une fois, les violences d’Israël et son impunité soulèvent l’indignation des femmes et des hommes épris de démocratie, de droit et de justice mais laissent indifférents un grand nombre d’États tant occidentaux qu’arabes, ceux qui sont aux commandes de la situation internationale. Ceux qui devraient veiller sur les applications des résolutions de l’ONU et qui devraient, quand un pays refuse de s’y soumettre, prendre des mesures à l’encontre de ce dernier.
Apparemment, les pays Arabes et Occidentaux, ne dépassent pas la « condamnation » démagogique et hypocrite. Ils ont choisi la voie du déni d’un peuple et de son État. De ce fait, ils participent à son extermination ; certes, actuellement, de manière moins industrielle que les nazis qui, fort heureusement, grâce aux solidarités internationales, ne sont pas arrivés à leur fin. Cette escalade de violence récidivante en raison de l’impunité laisse à Israël la possibilité de concrétiser cette volonté, souvent affichée, d’extermination programmée du peuple palestinien.
Benjamin Netanyahu, que la police israélienne en février 2018 recommandait d’inculper pour corruption, a, comme de coutume, saisi l’occasion de la 42ème commémoration de la journée de la Terre en Palestine, ce 30 mars, en envoyant l’armée pour contrecarrer la manifestation pacifique des palestiniens faisant en une journée 19 morts et des centaines de blessés et arrestations. En s’accrochant à cette politique destructrice, Netanyahu ne se soucie même pas de la population israélienne.
Bien des israéliens ne cessent de dénoncer cette injustice et cette cruauté en se joignant aux palestiniens contre la violence de l’armée israélienne et malgré les déclarations de ses chefs. En décembre 2018, 63 jeunes israéliens refusent de s’enrôler dans l’armée israélienne et envoient une lettre à Netanyahu « Nous ne participerons pas à l’occupation »
Sous le titre « En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts », Zeev Sternhell, historien israélien du fascisme, écrivait dans un article publié dans le N° 68 du Courrier du CVPR: « Je tente parfois d’imaginer comment l’historien qui vivra dans cent ans essaiera d’expliquer notre époque. A quel moment a-t-on commencé à comprendre en Israël que ce pays devenu Etat constitué (…), fondé sur les ruines du judaïsme européen et au prix du sang de 1% de sa population, dont des milliers de combattants survivants de la Shoah, était devenu pour les non juifs, sous sa domination, un monstre ? Quand exactement, les israéliens ont-ils compris que leur cruauté envers les non juifs, sous leur emprise en territoires occupés, leur détermination à briser les espoirs d’indépendance des Palestiniens, (…) commençaient à saper la légitimité morale de leur existence nationale ? ».
« Le déni de Palestine. 1917-2017 » fut le thème du colloque organisé par le Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche Orient (CVPR-PO) en décembre 2017. Comme dans plusieurs des colloques organisés par ce comité des interventions, positions de qualité, de chercheurs et historiens de toutes nationalités, de toutes religions dont l’ambition est d’informer, de tirer des sonnettes d’alarme. « La lecture de ces Actes oblige à remettre radicalement en cause la vision mystifiée de la question palestinienne que l’appareil de propagande israélien et ses complices cherchent à imposer… » peut-on lire au verso des Actes de ce colloque qui viennent de paraître et qui abordent la question du déni de la Palestine et de la mise en œuvre de la colonisation « Érigé en système, le déni peut alors devenir une arme symbolique redoutable au service d’une politique de domination d’exclusion, d’éradication… ». N’est-ce pas là l’autre face du terrorisme ?
Lors de ce colloque, la Professeure Nurit Peled de l’Université hébraïque de Jérusalem souligne que l’aliénation à la pensée dominante se travaille depuis l’école et dans les manuels scolaires : « une trentaine de manuels scolaires édités de 1994 à 2017(…) sont examinés au plan discursif, lexical et visuel : la morphologie, les illustrations , les graphiques,( …)tous les signes utilisés dans le but de rendre normale et légitime la logique d’élimination inhérente à la colonisation israélienne, autrement dit l’exclusion et l’élimination des palestiniens … ».
Ceci nous rappelle des temps que l’on pensait révolus après la fondation en 1945 de l’ONU dont l’ambition était non seulement d’arrêter les guerres mais aussi d’encourager le dialogue entre les peuples.
Maintenir dans la servitude, conditionner les gens par le mensonge et la désinformation et une éducation d’exclusion en y mettant tous les moyens et, dans certaines situations, avec la complicité de certains États qui laissent impuni l’État d’Israël. Telle est la logique centenaire de la colonisation de la Palestine qui domine et victimise.
Il semble que seuls le courage et la résistance inébranlable du peuple palestinien soutenus par des intellectuels israéliens et de nombreuses associations dans le monde encouragent et maintiennent nos espérances de dialogue, de justice et de paix. En décembre 2017, Daniel Barenboim lançait cet appel au monde : « Face à la décision unilatérale des États-Unis, j’en appelle au reste du monde : reconnaissez l’État de Palestine, tout comme vous avez reconnu l’Etat d’Israël… ».
Il ne s’agit pas seulement de solidarité car nous sommes tous concernés par les conséquences de cette politique de terreur à l’encontre du peuple palestinien qui, en s’aggravant, donne à tous les extrémismes la possibilité d’œuvrer dans le monde.
Hayat Berrada-Bousta
11 avril 2018