La résistance du Mouvement du 20 février au Maroc depuis près de 9 mois, toutes les semaines dans certaines villes et tous les mois au niveau national est un exemple de combat pour la liberté, la dignité et la démocratie. Ce Mouvement rassemble toutes les couches sociales, toutes les convictions et les appartenances politiques, syndicales, associatives et personnelles.
Etre là et ne rien lâcher, pour que l’avenir de notre pays profite à sa jeunesse, pour que soit éradiqué tout signe de soumission et de mépris des peuples.
De tout cela, le régime marocain n’en veut pas et compte consolider ses privilèges arrachées au peuple depuis l’indépendance formelle. Peu lui importe la misère de la majorité de la population, peu lui importe de laisser les jeunes dans l’analphabétisme, peu lui importe de voir s’immoler par le feu des jeunes par désespoir. Il continue ses projets pour une oligarchie gouvernante et une petite minorité de la population comme le montre le récent achat du TGV à la France.
Il tente par tous les moyens de créer l’amalgame, d’instrumentaliser les convictions de chacun, d’utiliser les libertés d’expression comme moyen de division. Les libertés d’expression, les convictions diverses, sont portés par le Mouvement avec maturité et au sein même de l’union contre le régime : c’est une véritable leçon de démocratie.
Parallèlement, le régime utilise sa force de répression de manière ciblée. La mort du diplômé chômeur Mohamed Boudaroua, 38 ans cette nuit du mercredi 13 au vendredi 14 octobre à Safi ainsi que les arrestations de ses 3 autres camarades menottés et jetés par la suite à quelques kilomètres de cette ville en est un signe. La répression qu’ont subie les militants à Fez en est aussi.
La position des partis politiques non gouvernementaux pour boycotter les prochaines élections législatives du 25 novembre conjuguée aux voix des manifestants du Mouvement du 20 février met le régime dans l’embarras et dans la peur malgré l’image qu’il veut présenter à l’opinion tant nationale qu’internationale de « sérénité »…
Faut-il craindre une escalade de la violence ? Si le pouvoir ne veut pas entendre la voix du peuple, s’il continue à la mépriser, « Si la majorité de la population est maintenue dans la misère et l’inculture et si en plus, elle voit se fermer devant elle les portes de l’espérance, comment s’étonner que l’impatience prenne le masque du désespoir ?»– Mehdi Ben Barka
Aujourd’hui en 2011, Cette impatience s’est exprimée avec dignité dans tout le pays. Le désespoir s’est transformé en détermination dans le combat pour l’espérance. Cette espérance que des jeunes et moins jeunes veulent arracher, convaincus du lien étroit entre les situations de précarité et les responsabilités politiques, entre les revendications de justice sociale et de changement profond du système en place. Cette espérance, il est urgent que le pouvoir en mesure la dimension.
Les élections législatives trompeuses et organisées dans le mépris de la véritable expression populaire ne changeront pas, à entendre les cris des manifestants, la détermination de ce Mouvement pour que sa voix soit entendue, pour que l’on éradique les relations de mépris et d’intolérance ainsi que les racines de la corruption et de l’enrichissement indécents.
Hayat Berrada Bousta,
Le 15 octobre 2011