Interculturalité : quels enjeux ? – 2009

Intervention le 31 octobre 2009 lors de la rencontre organisée par l’AMF à l’occasion de la 44ème année l’enlèvement de Mehdi Ben Barka.

Une intervention sur l’inter-culturalité nécessiterait probablement une journée de réflexion permettant d’aborder les différents domaines qu’elle englobe mais aussi de dégager des propositions concrètes pour lever ce qui lui fait obstacle.

Intervenir  à l’occasion de cette journée d’hommage à Mehdi Ben Barka, est pour moi un honneur et je remercie l’AMF de m’y avoir invitée à le  faire.

Cultures…Cultes…Diversités culturelles…Inter-culturalité…sont, aujourd’hui à l’ordre du jour dans tous les débats et toutes les préoccupations d’un grand nombre d’institutionnels et  d’acteurs de terrain.

Pour l’UNESCO  « la culture doit être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social et qu’elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les façons de vivre ensemble, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances »

La déclaration universelle de l’UNESCO  adoptée en 2001 reconnaît pour la première fois la diversité culturelle comme «  héritage commun de l’Humanité »

Le 18 mars 2007, l’UNESCO a intégré à l’ordre juridique national la convention pour la protection et la promotion des diversités culturelles qui sont l’antithèse de l’uniformité culturelle.

Il n’en demeure pas moins que plusieurs pays ont enclenché l’uniformisation qui est un processus qui veut mener vers cette uniformité

Les préfixes utilisés devant l’adjectif « culturel » ( multi, pluri, inter, trans…) sont l’expression d’approches différentes dans la gestion de ces mêmes diversités.

  • Le Multiculturel est l’ensemble de cultures dans un même espace ; C’est le constat qu’existe dans un même lieu géographique des cultures différentes juxtaposées. C’est une mosaïque des cultures qui privilégie les catégories et les caractéristiques spécifiques.
  • L’interculturel met en relation des cultures : il y a interaction entre les groupes, les individus et donc les identités. Pour cela, le dialogue interculturel est nécessaire et, permet la mise en œuvre de la convention sur la promotion des diversités culturelles.

Le passage de la diversité culturelle à l’interculturel est une évolution dans  la réflexion sur la gestion des diversités qui devrait concilier l’identité culturelle et hétérogénéité des populations.

Les stratégies nationales ont montré que chaque pays avait sa conception propre de ce dialogue et une politique différente en la matière.

En France, on a été les premiers avec le Canada à défendre le  principe de diversités culturelles (notamment sous la présidence Chirac) sur le plan international.

Mais sur le plan interne,  sous la IIIe République, la politique française  avait aboli la diversité culturelle  au nom d’une vision de l’universalisme républicain, au nom de l’Etat-Nation . La V° République y  reste insensible au niveau national malgré la loi DEIXONNE en 1951 qui autorise l’enseignement des langues régionales en France. Rien n’a été  fait pour conserver les langues historiquement parlées sur son territoire, qui n’avaient  guère accès ni à l’éducation ni aux médias.

Actuellement les revendications régionales en la matière ont imposé la prise en compte de ces cultures et certaines écoles commencent à l’enseigner.

Je parle des langues régionales… Alors que dire des langues des immigrés ? (cf. le rapport Benisti d’octobre 2004 sur la prévention de la délinquance qui affirme en matière d’éducation que «  Seuls les parents, et en particulier la mère, ont un contact avec leurs enfants. Si ces derniers sont d’origine étrangère elles devront s’obliger à parler le Français dans leur foyer pour habituer les enfants à n’avoir que cette langue pour s’exprimer. »

En ce qui concerne les cultures des immigrés, voici ce qu’en disait en 1989  Véronique de Rudder, chargée de recherches au CNRS «   Qu’il s’agisse des valeurs, des représentations, des normes, des modes de vie, des savoirs ou des savoir-faire, les cultures des immigrés ne sont ni connues, ni considérées pour elles-mêmes, mais seulement dans leur rapport à ce que l’on nomme “ LA culture ” du pays d’accueil. »

Certes, c’était en 1989, il y a 20 ans. Mais on est dans des jugements de valeur référencés à l’exemple français et qui nous rappellent les débats sur  l’identité nationale.

Celui-ci  ne fait que rejaillir sur différentes formes. Le mythe de «  l’identité nationale » est souvent  lié à un imaginaire ethnique de la France et des français.  L’idéologie racialiste  participe de la formulation de la «  nation française ». («  Nos ancêtres les gaulois »). Or, beaucoup de français (plus du  1/3 il y a 20 ans n’ont pas pour ancêtres des gaulois).

Posons-nous cette question avec Noiriel : «  A quoi sert l’identité nationale » et    mieux comprendre pourquoi la plus grande partie des historiens ( 8 sur 12 ) du Conseil scientifique de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration  (CNHI) ont démissionné de leurs fonctions officielles le jour même où a été annoncée la formation du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale ( 18 mai 2007).

Cet ethnocentrisme est en contradiction avec les engagements du parlement européen et du conseil de l’Europe pour faire de l’année 2008, l’année du dialogue interculturelle.

La notion de dialogue ne signifie pas le fait de parler ensemble mais elle est un échange pour l’un et par l’autre et réciproquement

En France, ce dialogue ne peut se faire sans les héritiers des immigrations, sans la prise en compte des évolutions de ces immigrations.

La société française étant actuellement multiculturel et multiethnique, on ne peut plus vouloir vivre ensemble sans tenir compte de l’autre « qui vient d’ailleurs ». Qui est-il ? Quelle est son histoire ? Quelles sont les raisons qui l’ont amené à quitter son pays ?

La « sédentarisation » des immigrations a eu le mérite de susciter toutes ces interrogations et de pousser les acteurs de terrain, les institutionnels mais aussi les immigrés et leurs enfants à y réfléchir : quel est le regard du pays d’accueil ? Comment l’immigré se perçoit dans ce pays qui est de plus en plus celui où il s’installe, le pays de ses enfants. Comment ces derniers perçoivent les trajectoires de leurs parents mais aussi les comportements envers eux ?  quelles sont leurs réactions, leurs attentes… ?

Les enjeux de l’interculturalité sont  de pouvoir y répondre en mettant en place les outils nécessaires pédagogiques, matériels et humains en matière de communication interculturelle.

La construction de cet espace a pour préalable ce que l’on nomme «  intégration » mais que je préfère nommer «  le vivre ensemble »

Le  » vivre ensemble «  

Alors que la France est devenue depuis 1850 une terre d’immigrations (révolution industrielle, guerres et problèmes démographiques…), ce n’est qu’avec la politique du regroupement familial que l’on a commencé à s’intéresser  à cette Mémoire.

Paradoxalement, c’est, en particulier début 80, l’émergence du Front National qui, en réactivant les vieux discours nationalistes sur l’identité nationale, a contribué à placer la Mémoire des immigrations au coeur du débat ; un débat entamé par  la  Marche des Beurs  pour la reconnaissance de leur citoyenneté. Ce cri des jeunes «  vivons ensemble avec nos différences » était fondateur du dialogue interculturelle et traçait les enjeux de ce dialogue… A- t-il était entendu ?

C’est aussi à ce moment-là que les historiens comme Noiriel   s’en sont emparés : «  le creuset français » 1988. Cette histoire a démystifié des concepts d’intégration  et a mis en lumière la nécessité de la prise ne compte  en France des cultures des autres, ces immigrés.

Cependant, malgré tout, il y a eu des acquis au regard des diversités culturelles si ce n’est que les efforts entrepris par le Haut Conseil à l’Intégration et les différents dispositifs de lutte contre toutes les formes de discriminations, mais au- delà des déclarations où en est-on ?

Près de 35ans après la politique du regroupement familial, alors que l’on sait que les immigrés resteront en France, que leurs enfants grandiront et s’établiront dans ce pays d’accueil de leurs parents, les questions relatives à  que l’on nomme « intégration » sont dans un éternel recommencement .

Pourtant, le rapport du Haut Conseil à l’Intégration- Février 1991- affirmait ceci : «  L’intégration consiste à susciter la participation active à la société toute entière de l’ensemble des femmes et des hommes appelés à vivre durablement sur notre sol en acceptant sans arrière-pensée que subsistent des spécificités notamment culturelles, mais en mettant l’accent sur les ressemblances et les convergences dans l’égalité des droits et des devoirs afin d’assurer la cohésion de notre tissu social  »

Ce rapport, repris en 2006  mettra l’accent sur la question des diversités «  L’intégration demande un effort réciproque, une ouverture à la diversité »

L’interculturalité, le dialogue interculturel est un outil permettant cette finalité : assurer la cohésion sociale.

Quelles valorisations de ces cultures ? Comment s’expriment-elles  dans la Cité ?

Le «  vivre ensemble » est  un long processus dynamique qui évolue selon les situations personnelles et environnementales et  selon la place que l’on attribue au dialogue interculturel.

Pour que ce dialogue puisse aboutir, il faudrait :

  • Changer  les représentations tenaces sur les immigrations. Ceci, de part et d’autre- à savoir la perception du pays d’accueil  mais aussi le regard qu’a l’immigré de lui-même
  • Mettre en place les outils nécessaires à la connaissance et la reconnaissance de soi et de l’autre : dans l’échange interculturel, il y a une construction de son identité «  l’autre est une modification intentionnelle de mon moi » disait le philosophe Husserl (1859-1937) et c’est probablement, ce qui «  fait peur » et réduit les possibilités de dialogue.

Il n’en demeure pas moins que cette modification est nécessaire de part et d’autre pour vivre ensemble…

Levi Strauss écrivait : «  l’écart différentiel qui existe entre  les cultures ne pourra pas être comblé » 

Cela est-il indispensable de le combler ?   Oui, si cet écart différentiel est perçu comme une inégalité…

Les obstacles:

Si l’enjeu de l’inter-culturalité est in fine la cohésion sociale à travers le « vivre ensemble », quels en sont les obstacles ?

  • Les  stéréotypes : grille de lecture simpliste des individus ( «  je suis noir et je n’aime pas le manioc » les maghrébins et le couscous, ; les bretons et les crêpes, les français et le vin, le béret…) mais aussi des événements  «  les immigrés sont responsables du chômage », la diabolisation des juifs pour justifier le nazisme, la diabolisation de l’Islam pour justifier les ingérences dites  humanitaires et les entrées en guerre…, les idées dites civilisatrices pour justifier les colonisations…
  • Les préjugés : « Juger avant », c’est une opinion préconçue sur un groupe et qui peut lui être défavorable. Avant même de connaître une personne, on en tire des conclusions : (ex il  y a un cambriolage «  ce doit être les gitans… les femmes portant un foulard sont soumises..).
  • Le racisme : ensemble de représentations portées sur les individus et les groupes en raison de leurs origines. C’est un jugement de valeur.
  • Les discriminations : une pratique, un traitement inégal : la lutte contre toutes les formes de discrimination est une responsabilité de tous. Comme le dit le rapport Fauroux (Septembre 2005), «  nous avons tout à perdre quant à l’équilibre de notre société à laisser subsister ces iniquités sociales qui se doublent d’un gâchis économique…Les discriminations  affectent durement non seulement les victimes mais la société elle-même. »
  • L’ethnocentrisme : on privilégie notre groupe d’appartenance et c’est le seul modèle. Cette attitude conduit:
  1. d’une part, à l’assimilationnisme (être semblable ou « ressemblable »)  et donc l’uniformisation  culturelle.  La notion en droit de  « se comporter en bon père de famille » sous-entend «  français ». Sans compter la  résonance machiste . On ne dit pas « en bons parents » !
  2. d’autre part le communautarisme : Le repli sur soi face à cette obligation de ressembler. : «  c’est ma culture »…et se réfugier derrière le culturel, la spécificité culturelle telle que chacun l’entend.

Ces 2 attitudes ne permettent pas le dialogue et ne favorisent pas la citoyenneté.

D’un côté, on cherche à ignorer voire effacer la culture de l’autre : comment s’étonner alors que l’on ait   généré l’agressivité comme expression de vie et  moyen de se faire entendre. Conséquence : il n’y a plus d’échange. Il n’y a plus de confiance.

De l’autre côté, on se cache derrière les spécificités culturelles et/ou cultuelles et on ne veut pas tenir compte des normes ou loi dans l’espace où l’on réside. Là encore, il n’y a pas d’échange.

Sans entrer dans les raisons qui conduisent à  ces attitudes, raisons dont il faut tenir compte,  notons que lorsqu’on n’a pas eu de champ de valorisation de notre culture et donc de notre identité, il est explicable de se replier sur la sienne et même au fil du temps de vouloir l’imposer pour répondre à l’autre qui a voulu nous assimiler.

Ce relativisme culturel est  instrumentalisé par les deux parties :

  • On « culturalise »  les situations (« ce n’est pas un problème pour eux,  c’est leur culture… »)

Comme le disait Véronique de Rudder  « Réfractaires à la modernité, ces cultures sont aussi décrites comme statiques, immobiles, comme si l’histoire, les contacts, les relations internationa­les ne les modifiaient en rien. Je le répète, c’est ce qui se dit des cultures d’origine des immigrés dans le meilleur des cas, car dans le pire d’entre eux ces cultures sont purement et simplement dévalori­sées au nom du fait qu’elles ne reposeraient pas sur les valeurs essen­tielles qui, bien entendu, sont… “ Les Nôtres ”. »

  • Cette attitude va conduire l’autre à instrumentaliser aussi cette spécificité culturelle : au lieu de tenir compte des évolutions identitaires dans différents contextes spatio-temporels, on qualifiera d’occidentalisés tous ces immigrés qui veulent s’ouvrir aux diversités culturelles, de renégats tous ces immigrés d’éducation musulmane et laïques…

Croire que le communautarisme fermé n’est que la conséquence d’attitudes réfractaires au changement en responsabilisant les immigrés ne tient pas compte  de la  responsabilité du système du pays d’accueil qui l’a favorisé.

 Le communautarisme fermé et rigide  n’est que la face d’une même monnaie : l’autre face est l’assimilationnisme et la non reconnaissance de l’identité de l’autre.

L’hétérogénéité sociale, se traduit souvent par des tensions permanentes sous couvert de culturalisme . Mais les problèmes sont essentiellement économiques et sociaux. «  La culture est otage de ce qui ne la concerne pas ». C’est dans le lit de la misère que se déploient les extrémismes tant politiques que religieux, c’est là où se conjuguent les rejets de part et d’autre.

Si, début 1980,  la marche des « Beurs » pour l’égalité et la reconnaissance des diversités a fait bouger les choses, on a assisté à une hésitation dans la volonté politique pour s’intéresser à la destinée de toutes ces populations et à l’impact de cette indifférence sur la cohésion sociale. A chaque manifestation de colère, des promesses sont affichées mais ne sont pas respectées et génèrent d’autres manifestations de colère. Ce qui revient dans une chanson  » je pensais que c’était fini…Mais non, mais non, ce n’est qu’un répit« .

Or prendre en compte les diversités culturelles et mettre en place les moyens pour un dialogue véritable est l’enjeu incontournable pour permettre une meilleure cohésion sociale.

Il est nécessaire, pour cela, individuellement et collectivement de faire un travail sur ses représentations.

Dans le Nouvel Observateur du 3 novembre 2005, l’historien Pascal Blanchard écrivait :

«  L’imaginaire colonial a façonné la France au cours des deux derniers siècles. Nos arrières grands parents, grands- parents et parents allaient aux expositions de la ligue coloniale et maritime, lisaient «   Tintin au Congo » , découvraient au cinéma   « Pépé le Moko «  ou «   l’Homme du Niger », collectionnaient des vignettes Banania ou pique-niquaient au jardin d’acclimatation devant des Kanaks en cage…et il ne resterait rien de ce passé ? L’exposition coloniale de 1931 connut un triomphe avec 33 millions de billets vendus à Vincennes… et ce ne serait pas un lieu de mémoire de la France au XX siècle ? »

C’est ce qui explique la construction d’archétypes puissants, de stéréotypes et de préjugés qui empêchent la mise en pratique de l’interculturalité.

Il s’agit comme le dit Pascal Blanchard de déconstruire cet inconscient collectif car il prend différentes formes à travers les années et empêche de manière radicale la coexistence entre les individus et les peuples.

Espérons que les jeunes, toutes origines confondues, dépasseront cette histoire et entamerons sans arrières pensées le dialogue équitable.

Je ne souhaiterai pas terminer sans aborder l’enjeu primordial qui permettrait la réciprocité inhérente à ce dialogue, une réciprocité qui est contrariée par les effets de la domination historique, sociale, économique.

Toutes ces questions qui relèvent de la représentation que l’on a de l’autre, de la confiance partagée et du respect réciproque sont intimement liées à l’histoire entre la France et les pays d’origine : pendant la période de l’esclavage, les négriers sélectionnaient « Point de vieux à peau ridée, testicules pendantes et ratatinées… Les femmes, ni tétons cabrés ni mamelles flasques, jeunes filles à seins debout »- Circulaire officielle de 1769.

 De l’esclavage à l’exploitation actuelle des ressources tel que l’écrit Ziegler dans « l’empire de la honte » en passant par la colonisation, d’une part la France devra se défaire de l’intériorisation de sa domination dans le conscient comme l’inconscient individuel et collectif et d’autre part  les ressortissants des pays d’émigrations doivent  dénoncer les obstacles internes au développement de leurs pays ( Etat de non droit,  corruption…) et les relations bilatérales qui favorisent les pouvoirs en place.

Le co-développement qui permettrait un regard de réciprocité et de respect mutuel ne doit en aucun cas être celui de l’enrichissement des Etats mais celui de l’amélioration du niveau de vie des peuples. Alors, les représentations changeront.

Au cœur de l’enjeu interculturel se trouve cet équilibre nécessaire que les indépendances formelles en favorisant la dépendance économique n’ont pas permis.

Pour citer, ce jour, Mehdi Ben Barka : « Toute politique, en Afrique, qui ne passe pas par la destruction radicale des structures féodales et capitalo-coloniales, ne peut que faire le jeu du néocolonialisme, malgré ses prétentions à l’industrialisation et à la planification, car tous ces projets sont bâtis sur du vent » (article pour la « Revue africaine » qui resta à l’état de projet – décembre 1963)

Ce déséquilibre Nord-Sud et Sud-Sud ne favorise pas la déconstruction des représentations sur les différentes immigrations.

Travailler à cette déconstruction de part et d’autre est  l’enjeu principal permettant au dialogue interculturel de se construire sur des bases saines.

Hayat Berrada Bousta
31 octobre 2009