Une intervention lors de la rencontre organisée par l’Association des Marocains en France ayant pour thème: les regards croisés sur les questions d’intégration.
Avant d’aborder cette notion d’intégration liée au dialogue interculturel et à la reconnaissance de la citoyenneté, je souhaiterai en ce jour anniversaire de l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, saluer ces Mouvements arabes et de Méditerranée qui résistent et persistent dans leurs revendications pour une véritable citoyenneté.
Ils sont l’expression de cette volonté humaine de lutter contre toutes les formes de mépris et d’indifférence malgré les connivences d’état pour en marginaliser certains et préserver les investissements des oligarchies gouvernantes.
Cette revendication ferme pour une citoyenneté véritable, les immigrés dans plusieurs pays la revendiquent aussi car c’est le moyen incontournable pour que l’on puisse vivre ensemble dans le respect de nos différences tant culturelles que cultuelles, tant idéologiques que politiques.
Espérons que toutes ces générations ne seront pas sacrifiées et dévoyées de leurs revendications légitimes et trouveront les voies si convoitées de l’égalité, la fraternité et la liberté.
Ces voies que nombre de militants et cadres n’ont cessé de tracer.
Je tiens à rendre hommage ici à celui qui, tant au niveau idéologique qu’organisationnel et pratique, a marqué le Mouvement progressiste marocain et en particulier le Mouvement Ittihadi, Omar Bengelloun.
De Paris au Maroc, il n’a cessé de militer pour des valeurs humaines universelles. Il sera, avec Mehdi Benbarka l’un des fondateurs de l’AMF.
Emprisonné à maintes reprises et souvent torturé, il sera lâchement assassiné par les ennemis de la liberté, le 18 décembre 1975 à Casablanca. Cela fera 36 ans demain.
Omar, tu es toujours parmi nous, ta voix si audible, forte et déterminée se confond à ces cris d’un peuple portés par le Mouvement du 20 février au Maroc comme à l’étranger, ce Mouvement qui, malgré l’omerta et les tentatives de marginalisation, malgré la répression et les différentes immolations par le feu, résiste et continue à revendiquer un autre Maroc, celui du droit, de la liberté et de la reconnaissance de la citoyenneté véritable.
Les questions autour de la citoyenneté et des différentes luttes pour qu’elle soit à la hauteur de la dignité humaine ont pour finalité le « vivre ensemble » à savoir ce que l’on nomme « intégration ».
Qu’en est-il de cette notion d’intégration ?
Pour aborder cette notion si complexe, celle de l’intégration des populations étrangères en France, il est indispensable de remonter à la formation de l’Etat nation que la révolution industrielle contribue à imposer comme acteur essentiel de la vie politique ; ce qui portera à leur paroxysme les sentiments et les idées nationalistes.
La frontière entre national et étranger en France a été tracée en particulier dans les textes du code de la nationalité en 1889.
Avant cela, la fracture était sociologique ( les nantis et le peuple ): ainsi le suffrage censitaire de 1791 avait restreint la citoyenneté à certaines catégories sociales.
Depuis, la France ne s’est pas défait des différentes représentations des revendications nationalistes que la politique coloniale a enracinées ; et, jusqu’à aujourd’hui, bien les discours et débats sur les immigrations, leur intégration, les différences culturelles sont imprégnés de cette histoire.
Mais, toutes ces notions qui, certains moments, créent un consensus social et moral, resurgissent et sont souvent instrumentalisées pour créer l’amalgame entre immigrés et étrangers, nationalité et citoyenneté, cultures et cultes, véhiculant que tout ce qui ne nous ressemble pas est immigré et étranger alors que les résidents immigrés étrangers en France représentent selon les chiffres de l’INSEE 2004-2005 un peu plus de 5% de la population contre 6,4% en 1931.
Au-delà des représentations, l’échec de la politique d’intégration en France est lié à la gestion des flux migratoires, gestion qui ne s’est pas faite dans le respect des droits humains universels et a rendu difficile « l’intégration » à savoir « le vivre ensemble »
A des périodes de besoin de main d’oeuvre pour la croissance, se sont succédé des périodes où les immigrés « qui ne seront plus nécessaires à l’économie française » seront considérés comme insupportables.
Plusieurs moyens seront mis en place pour qu’ils retournent dans leurs pays. De multiples moyens sont alors mis en œuvre pour susciter les retours. Ainsi, en 1932 une loi va restreindre l’emploi des étrangers dans l’industrie et des convois de polonais seront organisés pour qu’ils retournent chez eux. Parallèlement seront renforcées les surveillances policières et accentuées les expulsions. Les étrangers étaient « indésirables » et, en 1938, à la veille de la seconde guerre mondiale, la xénophobie est institutionnalisée avec la mise en place de camps d’internements et la livraison de « réfugiés politiques ». Cependant, malgré toutes ces mesures, les 2/3 des étrangers se sont stabilisés.
Après la seconde guerre mondiale, la gestion des flux migratoires répondait, avant le boum pétrolier, à cette nécessité de croissance pour une France qui sortait des deux grandes guerres, une France qui manquait de bras et devaient se reconstruire et qui a eu besoin d’une immigration en provenance d’Afrique et particulièrement du Maghreb, après les indépendances marocaine et tunisienne..
Aborder la question du vivre ensemble ne peut occulter la Mémoire des parents venus seuls, déracinés de leur milieu et qu’on allait chercher par familles et communautés, dans les villages fraîchement sortis de longues années de colonisation et qui ont contribué aux «trente glorieuses» sans oublier leur engagement dans l’armée française. Ces pères sont le plus souvent restés dans le silence malgré les conditions indignes dans lesquelles ils ont vécu.( logement, ségrégation, indifférence, absence de visibilité…).
Avec la crise des débuts des années 70, on est alors revenu au contrôle de ces immigrations, provoquant des retours, décidant du regroupement familial sans mettre en place des structures nécessaires d’accueil et sans mesurer les conséquences de ce manque d’anticipation sur la vie des femmes et des enfants engendrant alors au moment de la crise économique une xénophobie aux conséquences redoutables car elle va progressivement banaliser le racisme, l’intolérance et les propos racistes pernicieux sous couvert d’humour ou de soi disant gymnastique spirituelle ou intellectuelle par ceux que les médias ne cessent d’étaler.
Cette politique n’affecte pas seulement les victimes de cette xénophobie mais la société française toute entière qui se voit régresser dans ses attachements aux principes de liberté, d’égalité et de fraternité.
La «sédentarisation» des immigrations a eu le mérite de susciter des interrogations sur leur histoire et de pousser les acteurs de terrain, les institutionnels mais aussi les immigrés et leurs enfants à y réfléchir : quel est le regard du pays d’accueil? Comment l’immigré se perçoit dans ce pays qui est de plus en plus celui où il s’installe, le pays de ses enfants. Comment ces derniers perçoivent les trajectoires de leurs parents mais aussi les comportements envers eux? Quelles sont leurs réactions, leurs attentes…? Autant d’interrogations pour pouvoir vivre ensemble.
La notion d’intégration resurgira principalement au moment du regroupement familial il y a plus de 35 ans et, en particulier suite aux assassinats de jeunes maghrébins. Cette deuxième génération de nationalité française a pu mobiliser plusieurs nationalités qui, dans une Marche pacifique pour l’égalité et contre le racisme en 1983 a revendiqué de Marseille à Paris la reconnaissance de sa citoyenneté, le respect des différences et l’égalité des droits ainsi que la stabilité de ses parents.
Mais, ce n’est qu’en février 1991 que le Haut conseil à l’intégration mis en place définira cette notion : «L’intégration consiste à susciter la participation active à la société toute entière de l’ensemble des femmes et des hommes appelés à vivre durablement sur notre sol en acceptant sans arrière-pensée que subsistent des spécificités notamment culturelles, mais en mettant l’accent sur les ressemblances et les convergences dans l’égalité des droits et des devoirs afin d’assurer la cohésion de notre tissu social».
Le Conseil des ministres du 11/01/2006 quant à lui affirmait dans le cadre du programme de lutte contre les discriminations: « Il s’agit de redonner à tous les citoyens, quels que soient leurs origines, leurs croyances ou leurs choix personnels de vie, confiance dans la reconnaissance équitable de leurs mérites et de leur place dans la société. ».
Notons que la définition de citoyenneté dans les pays occidentaux est généralement liée à l’exercice du droit de vote : sont citoyens les personnes qui peuvent voter.
Ainsi, dans les textes, l’intégration nécessite le respect des différences sans amalgames et préjugés, un respect réciproque entre citoyens vivant ensemble permettant la cohésion sociale.
Ne pas reconnaître le droit de vote des résidents étrangers au niveau local n’est-il pas en contradiction avec les textes sur l’intégration et sur la lutte contre les discriminations ? N’est-il pas un obstacle à la cohésion sociale ?
Et pourtant, l’art. 4 de la Constitution du 24 juin 1793, accordait la citoyenneté « à tout étranger âgé de 21 ans qui, domicilié en France depuis une année, y vit de son travail, ou acquiert une propriété, …» Cette constitution n’a jamais été appliquée
Dans les faits comme dans les dispositifs politiques en la matière, on est loin de ces déclarations.
Le « vivons ensemble avec nos différences» parmi les slogans de la Marche pour l’égalité de 1983, qui traçait les enjeux de cette question, a-t-il était entendu?
A-t-on rendu lisible cette histoire des immigrations en France alors qu’elle fait partie de l’Histoire de France ?
Paradoxalement, c’est l’émergence du Front National, en réactivant les vieux discours nationalistes sur l’identité nationale, qui a contribué à placer la Mémoire des immigrations au coeur du débat au début des années 80.
Elle a resurgi avec la mise en place en 2007 du ministère de l’immigration et de l’identité nationale et rebondira aujourd’hui pour se focaliser autour de l’Islam…
Intégration – Assimilation – Communautarisme- Marginalisation sont des stratégies en évolution constante.
Le « vivre ensemble» nécessite la réciprocité dans le désir des uns et la volonté politique des autres. C’est un long processus dynamique qui évolue selon les situations personnelles et environnementales et qui nécessitent la mise en place d’actions permettant sa réalisation.
C’est un « Contact continu et direct entre des groupes d’individus de cultures différentes et qui entraîne des modifications dans les modèles culturels initiaux des deux groupes. »
Mais, en réalité, la politique d’intégration en France qui va façonner bien des manières de voir des populations, parlent plutôt d’assimilation. Dernièrement, un responsable au niveau de l’Etat disait en parlant des immigrés maghrébins « on attendait qu’ils se fondent dans la masse comme un morceau de sucre dans une tasse de café mais le morceau de sucre n’a pas fondu ! » (sans commentaire…).
« Il faut être comme nous… ». L’Etat Nation en France n’a pas permis l’expression des diversités. N’oublions pas que ce n’est en 1951, avec la loi DEXON que les langues régionales auront leur place dans les écoles en France. Cette attitude ethnocentriste provoque des pertes de repères identitaires mais pourra engendrer le repli sur soi …
Le 18 mars 2007, l’UNESCO a intégré à l’ordre juridique national la convention pour la protection et la promotion des diversités culturelles qui sont l’antithèse de l’uniformité culturelle.
Il n’en demeure pas moins que la France a enclenché l’uniformisation qui est un processus qui veut mener vers cette uniformité.
Or, l’enjeu pour vivre ensemble, c’est donner au dialogue interculturel toute sa dimension de respect mutuel, de rendre lisible et visible les cultures et les Mémoires des uns et des autres et apprendre à se décentrer de ses habitudes de part et d’autre.
Pour que le vivre ensemble soit possible et que ce dialogue puisse aboutir :
- Changer les représentations tenaces sur les immigrations. Savoir de qui l’on parle quand, dans différents discours, c’est le faciès qui identifie plus que la personne. Ainsi, on qualifiera d’immigrés des populations du DOM TOM, ainsi que les jeunes français dont les parents sont étrangers.
De plus, les représentations sur le terme même d’immigrés sont négatives et confondues avec difficultés, problèmes, incultures… de sorte que même certaines personnes venues de pays étrangers et installées en France rejettent cette appellation une fois la nationalité française acquise: selon l’INSEE en 2004, 40% des immigrés ont la nationalité française.
Aussi, cette nécessité de changer nos représentations doit se faire de part et d’autre- à savoir changer la perception que le pays d’accueil a de l’immigré et de ses descendants mais aussi changer le regard que l’immigré a de lui-même.
- Mettre en place les outils nécessaires à la connaissance et la reconnaissance de soi et de l’autre permettant le « vivre ensemble ».
Pour qu’il y ait intégration il faut qu’il y ait désir des uns et volonté des autres. Mais le désir des immigrés à s’intégrer est proportionnel à la volonté politique du pays d’immigration de les intégrer en rendant lisibles leurs Mémoires.
Dans le cas contraire, les obstacles à ce vivre ensemble sont nombreux :
- Linguistiques: Si l’apprentissage de la langue est une nécessité pour communiquer en France, il est important d’évaluer les moyens mis en place en particulier dans le Contrat d’Accueil et d’Intégration pour parvenir à cet objectif.
D’autre part, La langue étant constitutive aussi de notre identité, le respect et la valorisation de la langue d’origine est indispensable. Or, le député Alain Benisti dans son rapport d’octobre 2004 sur la prévention de la délinquance affirme en matière d’éducation que « Seuls les parents, et en particulier la mère, ont un contact avec leurs enfants. Si ces derniers sont d’origine étrangère elles devront s’obliger à parler le Français dans leur foyer pour habituer les enfants à n’avoir que cette langue pour s’exprimer».
- Les stéréotypes: une grille de lecture simpliste des individus, globalisante et généralisante qui affecte les personnes et conduit à des prises de position qui rendent difficiles voire impossibles tout dialogue pour vivre ensemble: «les immigrés sont responsables du chômage», la diabolisation des juifs pour justifier le nazisme, la diabolisation de l’Islam pour justifier les ingérences dites humanitaires et les entrées en guerre, les idées dites civilisatrices pour justifier les colonisations…).
- Les préjugés: «Juger avant», c’est une opinion préconçue sur un groupe et qui peut lui être défavorable. Avant même de connaître une personne, on en tire des conclusions: (il y a un cambriolage : ce doit être les gitans…les femmes portant un foulard sont soumises..).
Parmi ceux-ci, les plus répandus actuellement sont ceux autour de la religion musulmane. Dans l’inconscient collectif et dans les plus hautes sphères, on n’arrive pas à concevoir un français musulman. On entretient des amalgames entachés d’islamophobie que l’on instrumentalise pour susciter la peur.
Certains propos frisent le «crétinisme volontaire».
- Le racisme: ensemble de représentations portées sur les individus et les groupes en raison de leurs origines. C’est un jugement de valeur.
- Les discriminations: une pratique, un traitement inégal: la lutte contre toutes les formes de discrimination est une responsabilité de tous. Comme le dit le rapport Fauroux de septembre 2005 « Nous avons tout à perdre quant à l’équilibre de notre société à laisser subsister ces iniquités sociales qui se doublent d’un gâchis économique. (…) Les discriminations affectent durement non seulement les victimes mais la société elle-même.»
- L’ethnocentrisme: on privilégie notre groupe d’appartenance et c’est le seul modèle: cette attitude conduit à
- L’assimilationisme et le communautarisme. Le premier, prône la « ressemblance nécessaire », l’uniformisation culturelle. La notion en droit de «se comporter en bon père de famille» sous-entend dans le conscient ou l’inconscient « bon père de famille français». Le second prône la nécessité du repli sur soi face à cette obligation de ressembler: «c’est ma culture…» et se réfugie derrière le culturel ou le cultuel.
Ces 2 attitudes ne favorisent pas le vivre ensemble.
D’un côté, on cherche à ignorer voir effacer la culture de l’autre: comment s’étonner alors que l’on ait généré l’agressivité comme expression de vie et moyen de se faire entendre.
De l’autre côté, on se cache derrière les spécificités culturelles et/ou cultuelles et on ne veut pas tenir compte des normes ou loi dans l’espace où l’on réside tout en s’installant dans la «victimisation».
Mais, lorsqu’on n’a pas eu la possibilité et l’espace de valorisation de notre culture et donc de notre identité, n’est-il pas compréhensible de voir certains se replier sur la sienne et même au fil du temps de vouloir l’imposer pour répondre à l’autre qui a voulu les assimiler.
Ce relativisme culturel est instrumentalisé par les deux parties:
- On « culturalise » les situations («ce n’est pas un problème pour eux, c’est leur culture…»)
- On se réfugie derrière les «spécificités» que l’on connaît souvent par mimétisme: on qualifiera d’occidentalisés tous ces immigrés qui veulent s’ouvrir aux diversités culturelles, de renégats tous ces immigrés d’éducation musulmane et non pratiquants…
Croire que le communautarisme fermé, le repli sur soi n’est que la conséquence d’attitudes réfractaires au changement en responsabilisant les immigrés et leurs descendants ne tient pas compte de la responsabilité du système du pays d’accueil qui l’a favorisé.
Le communautarisme fermé et rigide n’est que la face d’une même monnaie: l’autre face est l’assimilationisme et la non reconnaissance de l’autre.
En réalité, l’hétérogénéité sociale, se traduit souvent par des tensions permanentes sous couvert de culturalisme: les problèmes sont essentiellement économiques et sociaux. «La culture est otage de ce qui ne la concerne pas». C’est dans le lit de la misère que se déploient les extrémismes tant politiques que religieux, c’est là où se conjuguent les rejets de part et d’autre.
Si aujourd’hui, la politique d’intégration en France n’a pas réussi dans les faits et est restée lettre morte, c’est que l’on reste toujours dans des représentations négatives des immigrations.
Ces représentations sont l’obstacle premier du vivre ensemble. A cela, s’ajoute les mesures en matière d’immigration qui, tant au niveau européen qu’au niveau de la France, sont en contradiction avec le droit international et n’augurent pas de volonté d’intégration ;
Fondamentalement, cette difficulté pour les uns et absence de volonté pour d’autres s’inscrit dans une histoire impériale et coloniale de la France, marquée par des effets de la domination historique, sociale, économique.
« L’imaginaire colonial a façonné la France au cours des deux derniers siècles. Nos arrières grands parents, grands- parents et parents allaient aux expositions de la ligue coloniale et maritime, lisaient « Tintin au Congo», découvraient au cinéma « Pépé le Moko» ou «l’Homme du Niger», collectionnaient des vignettes Babania ou pique-niquaient au jardin d’acclimatation devant des Kanaks en cage…et il ne resterait rien de ce passé? L’exposition coloniale de 1931 connut un triomphe avec 33 millions de billets vendus à Vincennes… et ce ne serait pas un lieu de mémoire de la France au XX siècle?» Pascal Blanchard
De l’esclavage à l’exploitation actuelle des ressources comme l’écrit Jean Zigler dans son livre « l’empire de la honte » en passant par la colonisation, d’une part la France devra se défaire de l’intériorisation de sa domination dans le conscient comme l’inconscient individuel et collectif et d’autre part les ressortissants des pays d’émigrations doivent dénoncer les obstacles internes au développement de leurs pays ( Etat de non droit, corruption…) et les relations bilatérales qui favorisent les pouvoirs en place.
Le déséquilibre Nord-Sud et Sud-Sud ne favorise pas la déconstruction des représentations sur les différentes immigrations. Notons que le racisme Sud-Sud est très significatif lorsque l’on remarque les attitudes racistes, de mépris et le non droit à l’encontre des réfugiés d’Afrique sub saharienne au Maghreb.
Il est pourtant nécessaire, individuellement comme collectivement de faire un travail sur ses représentations, de déconstruire cet inconscient collectif car il prend différentes formes à travers les années et empêche de manière radicale la coexistence entre les individus et les peuples.
Comme le disait Bernard Stasi dans les années 80: «Réveillons-nous, citoyens, sortons de nos torpeurs, et marchons pour construire, autrement que par le verbe, cet insaisissable vivre ensemble».
Hayat Berrada Bousta,
conseil et intervention sur les questions d’interculturalité,
17 décembre 2011