Au lendemain des Mouvements de contestation qui avaient débuté en décembre 2010 en Tunisie qui ont conduit à la chute du Président d’alors Ben Ali, des adversaires de la démocratie naissante ont assassinés des démocrates: Chokri Belaïd le 6 février 2013 et Mohamed Brahmi, sis mois après le 25 juillet 2013. Deux articles réunis en hommage à ces combattants de la liberté.
L’assassinat ce 6 février 2013 de Chokri Belaïd, un démocrate qui n’a pas cessé à lutter pour la liberté et la démocratie est le signe de l’instrumentalisation et la récupération par les adversaires de la démocratie des mouvements qui luttent inlassablement pour la liberté, la justice et la dignité. Cet attentat nous montre qu’il est nécessaire pendant ces moments de contestation qui voient l’union de plusieurs forces parfois antagonistes de clarifier nos convictions sur certains fondamentaux pour un changement véritable :
- Revendiquer la liberté, c’est combattre sa globalité : on ne peut laisser sous silence la nécessité du respect des libertés individuelles dont la liberté de conscience, la séparation du religieux et du politique.
- Revendiquer l’égalité en droits c’est aussi résister contre toute tentative de la relativiser. Dès lors, on ne peut pas faire l’impasse sur l’égalité des droits entre les femmes et les hommes à tous les niveaux dont celui de l’égalité des droits dans l’héritage sous prétexte que « l’on a des priorités »
- Quant à la démocratie, elle ne peut, elle non plus, être relativisée et/ou conditionnée.
Il ne s’agit pas seulement de choix de gouvernance qui nécessite que « les détenteurs véritables du pouvoir politique », soient pliés « à la volonté populaire », il s’agit aussi d’appliquer les bases de la démocratie à la structure de partis et/ou d’associations et ne pas reproduire les systèmes d’allégeance.
L’engagement soutenu des démocrates tunisiens, leur inlassable lutte engagée et les sacrifices endurés ne méritent pas que les adversaires de la démocratie récupèrent ces moments d’engagement et de résistance pour la liberté, la dignité et la démocratie que Chokri Belaïd n’a cessé de revendiquer,
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Hayat Berrada-Bousta
6 février 2013
L’assassinat barbare de Mohamed Brahimi – 2013
Près de six mois après l’assassinat le 6 février 2013 de Chokri Belaïd, un autre démocrate Mohamed Brahmi, membre de l’Assemblé Nationale Constituante et coordinateur général du Mouvement Populaire de Tunisie a, été assassiné ce 25 juillet 2013 près de chez lui en présence de sa fille. Les adversaires de la démocratie organisent de manière directe et indirecte la destruction de ce combat pour la dignité humaine : celui de la justice, des droits, de la tolérance, du sens même du « vivre ensemble ».
Mohamed Brahmi se battait pour le développement de son pays mais aussi pour une conviction certaine que le combat pour la démocratie et la reconnaissance de toutes les formes de liberté est certes très dur, instrumentalisé par ses adversaires. Mais, il savait comme le disait Max Frisch que « celui qui lutte peut perdre, celui qui renonce à lutter a déjà perdu ». Il a donné de sa vie mais son exemple, comme ceux de tous les martyrs de la démocratie, sera pour l’éternité une pierre de plus apportée à cet édifice que tous les démocrates véritables veulent construire depuis longtemps.
L’histoire de la lutte pour la démocratie s’écrit souvent en lettres de sang. Ce qu’ont prouvé encore une fois ces attentats fomentés par les adversaires de la démocratie, du progrès et des changements profonds de politiques de soumission et de servitude, d’inégalités sociales et de mépris des revendications des peuples.
Hommage à toutes ces femmes et ces hommes qui persistent dans leur juste combat à l’instar de Mohamed Brahmi, lâchement assassiné devant les yeux de son enfant.
Hayat Berrada-Bousta
29 juillet 2013