« Il semble que nous ne puissions pas nous voir
comme la cause des agresseurs (disons-le franchement, des terroristes),
vis à vis de ceux qui, depuis leur naissance
vivent sous une pluie de décrets militaires, nos fusils, tanks,
avions, hélicoptères et drones crachant du feu sur eux.
Nous ne nous voyons pas ? Je corrige :
nous refusons de nous voir comme la cause. »
Amira Hass, journaliste au quotidien israélien Haaret
On ne peut que condamner la mort de centaines de victimes civiles palestiniennes comme israéliennes à la suite de l’offensive du Hamas et la contre-attaque d’Israël.
« La protection des civils doit être la priorité du Hamas et d’Israël (…) Le droit d’Israël à se défendre ne doit en aucun cas donner un blanc-seing aux forces armées israéliennes pour causer des pertes civiles au sein de la population palestinienne », lit-on dans la dernière publication du CVPR-PO.
Cette « carte blanche » que plusieurs pays en Occident donnent à Israël par le biais d’une « hégémonie » médiatique sans chercher les causes de cette situation de guerre au Proche Orient. Cette « carte blanche », ce quasi- « mandat » ne peut que renforcer ce type d’offensive.
Quand la Mémoire des massacres de l’Histoire n’est plus une leçon pour l’avenir,
Quand elle n’empêche plus leur éternel recommencement,
Quand l’oubli s’installe volontairement,
Quand le droit international est bafoué par certains de ceux-là même qui l’ont ratifié,
Quand tout est mis en œuvre pour étouffer la voix de la liberté et de la résistance contre l’injustice et l’intolérable
Comment s’étonner que cette voix prenne la marque du désespoir et inscrive sa volonté de justice en lettres de sang?
Que restera-t-il de ces massacres de palestiniens, dans l’Histoire de l’Humanité ? De cette spoliation des terres Palestiniennes par Israël ? De ce terrorisme d’Etat Israélien ?
Zeev Sternhell, historien israélien du fascisme écrivait :
« Je tente parfois d’imaginer comment l’historien qui vivra dans cent ans essaiera d’expliquer notre époque. A quel moment a-t-on commencé à comprendre en Israël que ce pays devenu Etat constitué (…), fondé sur les ruines du judaïsme européen et au prix du sang de 1% de sa population, dont des milliers de combattants survivants de la Shoah, était devenu pour les non juifs, sous sa domination, un monstre ? Quand exactement, les Israéliens ont-ils compris que leur cruauté envers les non juifs, sous leur emprise en territoires occupés, leur détermination à briser les espoirs d’indépendance des Palestiniens, (…) commençaient à saper la légitimité morale de leur existence nationale ? [1]».
Ne faut-il pas chercher les raisons de ces actes qualifiés de « terroristes » dans l’impunité d’Israël qui continue à élargir ses colonies et ne veut pas respecter les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité de l’ONU[2] ?
Faut-il attendre d’autres crimes d’Etat, laisser se développer des actes qui nous rappellent des temps que l’on croyait révolus ? La Professeure Nurit Peled de l’Université hébraïque de Jérusalem soulignait que l’aliénation à la pensée dominante se travaille depuis l’école et dans les manuels scolaires : « une trentaine de manuels scolaires édités de 1994 à 2017(…) sont examinés au plan discursif, lexical et visuel : la morphologie, les illustrations , les graphiques,( …)tous les signes utilisés dans le but de rendre normale et légitime la logique d’élimination inhérente à la colonisation israélienne, autrement dit l’exclusion et l’élimination des palestiniens … ».
Alors, utiliser l’hégémonie médiatique pour fustiger les actes du Hamas, quelles que soient les convictions de chacun sur les orientations de cette organisation Palestinienne élue démocratiquement, est probablement le signe de la décadence morale et politique de l’occident « démocratique » qu’appuie des régimes islamistes du monde arabe, des régimes soutenus, voire armés, par ceux qui condamnent l’islamisme !
Il ne s’agit ni d’Islam, ni de Judaïsme mais d’invasion, de colonisation que des juifs Israéliens comme des musulmans et des chrétiens Palestiniens ont condamné et condamnent toujours comme le clament les manifestations de solidarité avec la Résistance Palestinienne contre l’occupation israélo-sioniste de leur terre. La culpabilité de l’Europe contre les crimes nazis perpétrés contre des milliers de juifs, ces actes indicibles ne doivent jamais être oubliés mais « ce n’est pas en laissant les Israéliens s’en sortir avec leurs crimes et passer au – dessus du droit international que l’Europe peut se repentir de sa culpabilité vis-à-vis de l’holocauste » écrivait Samh Jabr, psychiatre et psychothérapeute palestinienne.[3]
Hayat Berrada Bousta
Rédactrice de Maroc Réalités et de Que dire ?
9 octobre 2023
[1] – Zeev Sternhell, « En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts » –
[2]Le 13 Octobre 1970, l’Assemblée générale de l’ONU avait adopté à une très large majorité, la résolution 2621qui stipule que « la persistance du colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations représente un crime qui constitue une violation de la Charte des Nations Unies, de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux et des principes du droit international. »
La résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée le 23 Décembre 2016 « exige de nouveau d’Israël qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est ».
[3] – Source : bulletin n°75 (dernier trimestre 2019) de la publication du CVPR qui a consacré un dossier sur les femmes palestiniennes.